Nous assistons à un changement de décor planétaire, sommes-nous prêts à réécrire le script ?

Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient, les écosystèmes sont en danger. Les actualités récentes nous rappellent que la crise climatique n'est pas un film hollywoodien, mais une réalité qui nous touche tous.

Les limites planétaires, ces frontières invisibles que nous avons allègrement franchies pour au moins 6 sur les 9, sont révélatrices de notre acharnement à vouloir surplomber la nature (terme malheureux puisque la pénurie de plomb est attendue pour 2030). « L’homme n’est pas un empire dans un empire » disait Spinoza… La nature a ses lois, et nous jouons un jeu dangereux en les enfreignant. Sommes-nous capables créer une nouvelle histoire, une histoire de respect et de coexistence ?

Épuisement des combustibles fossiles, des minerais, des ressources en eau…tragi-comédie en trois actes. Nous, les humains, sommes meilleurs à gaspiller qu'à préserver : Cuivre, Cobalt, Zinc, Nickel, Lithium pourtant essentiels aux technologies bas carbone…et à nos batteries de téléphone. Pauvre Mendeleïev !

La responsabilité de l'homme est aujourd’hui scientifiquement avérée : nous sommes les scénaristes de ce drame climatique. Allons-nous aussi être les héros qui inversent le cours de l'histoire ?

Les entreprises jouent un rôle central dans cette nouvelle narration. Entre des citoyens qui font au mieux à leur échelle individuelle et des états qui ne font pas grand-chose (et le font lentement), les entreprises sont les seules à pouvoir combiner force de frappe collective et rapidité d’action. Car la seule modalité qui vaille face à cette situation, c'est l'action.

Nous autres entrepreneurs, devons imaginer de nouvelles formes de leadership pour répondre présents face aux enjeux qui nous attendent. 

Un leadership qui réconcilie tout d’abord les performances financière et extra-financière. Les entreprises doivent intégrer des objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur modèle d'affaires, en reconnaissant que la durabilité à long terme est essentielle pour la stabilité financière. La création de valeur économique doit cohabiter avec la contribution positive à l’égard des parties prenantes et de la société. Cela semble plus facile à dire qu'à faire. Nous voulons tous être responsables envers la planète, tant que cela n'interfère pas avec notre «business as usual».

Un leadership ancré dans son territoire, qui ne se perd pas dans une globalisation hyperconnectée et parfois si déconnectée de tout. Les entreprises doivent s'engager localement et contribuer au bien-être des régions où elles opèrent. Là encore, plus facile à dire qu’à faire… Si nous pouvons éviter les taxes locales et trouver une production à bas coût dans d'autres pays, la régénération des territoires pèsera-t-elle dans notre équation ?                                        

Enfin, un leadership authentique qui s’interroge et partage ses doutes. La remise en question et la transparence sont clés pour progresser et s'adapter aux enjeux changeants du climat. Là encore ce ne sera pas facile, pourquoi s'embêter avec l'authenticité quand on peut engager une équipe de relations publiques pour dorer ou verdir le tableau ? Pourtant, tous les héros ont leur part de fragilité, c'est d’ailleurs cette humanité qui rend notre quête crédible et inspirante !

Il est grand temps d'agir et nous le faisons encore trop souvent avec cynisme : soyons réalistes, tant que les intérêts financiers prévaudront à ce point sur la préservation de la planète, le "nouveau leadership" pour "sauver" le climat ne sera rien de plus qu'un jeu de mots vide de sens.

L'histoire environnementale est en train de s’écrire, et nous avons tous un rôle à jouer. Il est grand temps de se réveiller et prendre des mesures concrètes pour préserver la vie sur notre planète. Parce que si nous continuons à jouer à cette comédie écologique, la chute finale pourrait être bien moins drôle que nous ne le pensons.